Je me suis rendue sur ce site trop tard dans son cycle d’abandon. L’essence même du lieu a disparu depuis longtemps.
Les plafonds éventrés vomissent leur entrailles à même le sol, il y a des débris de vitres brisées partout et des stigmates d’incendies ici et là… les dégradations sont importantes. J’allume ma lampe torche aux étages qui sont plongés dans la nuit… à la recherche de rien, puisque visiblement il n’y a plus rien à voir. Je m’obstine à chercher ce « quelque chose » pour lequel je suis venue. Je veux croire que je vais trouver ce minuscule bout du passé qui va faire revivre cet endroit quelques instants. Je fouille le moindre recoin. Et puis j’arrive dans ces couloirs : des noms de famille sur de petites étiquettes sont collées aux portes des chambres. Je suppose que ce sont ceux des derniers résidents. Les dates de naissance sont entre 1925 et 1935. Il a toujours deux noms par chambre : deux femmes ou deux hommes. Je passe devant les portes et je lis les identités en me demandant ce que ces gens sont devenus. Des noms arrêtent mon attention. Ce sont les mêmes : des époux. Mari et femme ont vécu ensemble ici. Je trouve cela bouleversant. Ce que je ressens face à cette pièce vide, c’est ça que je vais ramener de cet endroit.
Photos prises en août 2023.
Informations complémentaires
Cet ancien asile reconverti en maison de retraite médicalisée a été en activité entre 1970 et 2005. Constitué deux bâtiments, cet établissement avait une capacité de plus de 100 lits.
Source: confidentielle