L’urbex

La définition que je trouve la plus simple et la plus complète pour expliquer le terme « urbex » est celle que propose Wikipedia:

« L’exploration urbaine, abrégé urbex (de l’anglais urban exploration), est une pratique consistant à visiter des lieux construits et abandonnés par l’homme. Elle possède ses propres principes visant à préserver les lieux et les protéger au maximum (entre autres, en dissimulant les adresses des spots – surnom donné aux lieux abandonnés – afin d’éviter d’y attirer des casseurs ou des voleurs). Cette activité inclut la visite de lieux cachés ou difficiles d’accès, tels que des manoirs, des écoles, des entrepôts désaffectés, des hôpitaux ou sanatoriums, etc. »

Je pratique l’urbex depuis 2015.

J’ai trouvé dans cette activité tout un panel de décors totalement inhabituel à photographier. Des décors crées par l’homme il y a parfois très longtemps, et maintenant tous figés, comme endormis. Ces lieux ont tous des ambiances singulières: que ça soit les couleurs, la luminosité, les éléments qui s’y trouvent… malheureusement, la démocratisation de l’urbex attire les opportunistes qui y voient là une occasion pour s’amuser à saccager, tagger ou voler ces lieux à l’abandon. Je sais tristement que chaque spot que je capture, changera très rapidement après mon passage.

Le travail pré exploratoire.

Comme beaucoup de personnes qui pratique l’urbex, je passe de longues heures, de journées voir de mois à faire des recherches pour localiser des spots. Il m’arrive souvent de confronter mes résultats de recherches avec ce que je peux trouver comme « indices » sur des groupes FB ou des forums de passionnés d’urbex. Pour moi, le charme de l’urbex c’est aussi ces moments d’investigation durant lesquels je vais accumuler toutes les informations que je trouve, jusqu’à reconstituer l’histoire des lieux que je vais visiter!
Cette étape est primordiale avant de se déplacer sur un spot.

L’équipement.

Avec le temps j’ai compris qu’il me faudrait du matériel pour pouvoir être à l’aise quand je photographie. Gants épais pour ne pas me blesser quand je crapahute, chaussures type randonnée pour m’assurer une meilleure adhérence et protéger correctement pieds et chevilles, lumière portable pour les endroits sombres d’un lieu ou encore un sac à dos robuste et imperméable pour transporter tout mon matériel photo.
La pratique de l’urbex demande de l’équipement, c’est inévitable.

Les enjeux juridique.

Déjà, sachez qu’il est interdit de pénétrer sur une propriété privée, même si le lieu parait à l’abandon. Voici ce que dit l’article 226-4 du Code pénal:

« L’introduction dans le domicile d’autrui à l’aide de manœuvres, menaces, voies de fait ou contrainte, hors les cas où la loi le permet, est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende ».

Ensuite, concernant les dégradations, voici ce que dit l’article 322-1 du Code pénal:

« La destruction, la dégradation ou la détérioration d’un bien appartenant à autrui est punie de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende, sauf s’il n’en est résulté qu’un dommage léger.
Le fait de tracer des inscriptions, des signes ou des dessins, sans autorisation préalable, sur les façades, les véhicules, les voies publiques ou le mobilier urbain est puni de 3 750 euros d’amende et d’une peine de travail d’intérêt général lorsqu’il n’en est résulté qu’un dommage léger ».

Enfin, l’article 9 du Code civil protège l’atteinte à l’intimité de la vie privée. Un exemple avec cet article assez parlant: A Saint-Nazaire, des photos de bébés mort-nés hantent un hôpital désaffecté

Les risques physique.

Présence de produits chimiques, amiante, chutes, agressions par des groupes malintentionnés qui utilisent les lieux abandonnés pour se retrouver, blessures graves liées par exemple à des coupures, voir parfois la mort accidentelle comme en témoignent par exemples ces histoires tragiques:

Je pars toujours en binôme visiter un spot, en ayant un maximum d’informations et en étant le mieux équipé. Mais surtout, je préviens toujours une personne de confiance parmi mes proches. Je lui communique la position GPS du lieu ainsi que l’heure à laquelle j’en serais partie. Donc si la personne n’a pas de mes nouvelles à une certaine heure… elle devra faire le nécessaire.

La confidentialité des spots.

Si vous avez déjà entendu parler de l’urbex, vous connaissez l’importance de garder secret l’emplacement des spots afin d’éviter leur pillage et leur destruction par des personnes malveillantes. Donc ne comptez pas sur moi pour vous donner un catalogue d’adresses. J’estime déjà donner pas mal d’informations concernant les spots que j’ai visité car j’adore l’histoire des lieux que j’explore.

Mes humbles recommandations sur l’urbex:

  • ne croyez pas que l’urbex est une activité banale, ni un moyen d’obtenir plus de crédibilité auprès de votre entourage et/ ou sur les réseaux sociaux
  • vous avez moins de 18 ans? vos parents sont responsables de vous, ne leur faites pas subir une visite au commissariat pour venir vous chercher ou vos séances de réeducation à l’hôpital.
  • vous voulez aller en urbex avec les enfants en bas-âges? (Oui, j’en parle parce que c’est malheureusement du déjà vu). C’est non. Aucun enfant en urbex. Outre qu’il faille déjà redoubler de vigilance pour soi même, alors veiller sur un mini être humain imprévisible. Non. Bien sur que non.
  • vous envisagez d’emmener votre chien en urbex? Non. Eclats de verre, échardes, chutes bref bien sur que non aucun animal avec vous en urbex.
  • renseignez vous le plus possible sur le lieu que vous allez visiter (par exemple pour connaitre les heures où vous aurez la meilleure luminosité possible)
  • ne partez jamais seul(e) en exploration (s’il vous plait)
  • indiquez à une personne de confiance où vous allez (et idéalement l’heure à laquelle vous pensez que vous partirez du spot)
  • gardez vos pulsions de destruction pour vous, vous n’avez plus 3 ans donc n’allez pas sur un spot pour vous défouler en le dégradant, de même si vous manquez de quelque chose dans votre vie ne pensez pas que voler comblera le vide que vous ressentez, donc si vous avez de mauvaises intentions en partant en urbex utilisez plutôt votre temps pour faire un travail sur vous, consultez un thérapeute, il n’est jamais trop tard pour trouver de l’aide et s’en sortir
  • organisez vous en préparant votre matériel à l’avance, les vêtements et chaussures chaudes, l’objectif adapté qui conviendra pour obtenir de bons clichés, une bouteille d’eau, des encas et ce qui vous semblera utile pour le spot que vous allez visiter
  • ne révélez pas les emplacements des spots (pour les raisons citées plus haut)
  • soyez toujours prudents et alertes lorsque vous êtes sur un spot pour éviter au maximum le danger

Pour conclure, même si mes propos dans cet article sont assez sombres, ils reflètent la réalité de l’urbex.
Si vous vous lancez dans l’urbex en étant lucide et en prenant les précautions d’usage, si on peut dire cela, vous en ressortirez avec d’incroyables et jolis souvenirs.

mise à jour: août 23